International Software Engineering Management (ISEM) R&D Network prend son envol à l’ÉTS

Professeur à l’ÉTS, Alain Abran voulait réunir les forces vives du domaine de la gestion de l’ingénierie du génie logiciel. C’est pourquoi il a formé l’International Software Engineering Management R&D Network (ISEM Network), un réseau regroupant des membres d’une vingtaine de pays. Le réseau a été officiellement inauguré le 28 août à l’ÉTS, en présence de plusieurs de ses représentants et invités de marque.

« Ce regroupement, une première à travers le monde, permettra de combiner transfert technologique et recherche en mettant en contact des gens de l’industrie et des chercheurs », explique Alain Abran, du département de génie logiciel et des TI à l’École de technologie supérieure. En effet, en plus de compter sur la quarantaine de doctorants dirigés par le professeur pendant sa carrière, le réseau est aussi composé de plusieurs membres de l’association COSMIC (Common Software Measurement International Consortium), méthode de mesure du logiciel élaborée par le professeur Abran et son équipe. « Cette association regroupe déjà des partenaires de l’industrie répartis dans 24 pays et qui ont travaillé à la mise en application de cette méthode de mesure COSMIC, reconnue par ISO comme norme internationale – ISO 19761. »

Le réseau facilitera donc le partage d’information, poursuit-il. « Cela créera un mécanisme permettant de transformer les recherches en outils pédagogiques, comme de la formation. Ce matériel sera utilisé par nos membres dans différents pays, ce qui aura un effet multiplicateur. » L’ISEM Network participera aussi à l’élaboration de nouvelles certifications sur des thématiques spécialisées de la gestion de l’ingénierie du logiciel.

Applications multiples

Un maillage d’autant plus intéressant que la gestion du génie logiciel est une branche pointue, mais qui peut avoir des retombées très concrètes. En effet, si le génie logiciel s’intéresse aux procédures et mécanismes pour s’assurer de la fiabilité du résultat, cette spécialité se penche plutôt sur le travail des gestionnaires des logiciels, définit Alain Abran.  « Par exemple, s’il y a dépassements de coûts pendant un projet, les causes peuvent être techniques ou liées à la gestion. Mais, les recherches montrent que, généralement, même les problèmes technologiques découlent d’une mauvaise décision, un échéancier trop serré, par exemple. »

Ainsi, ce champ d’études permet de paramétrer les différentes composantes d’un logiciel, pour aider le gestionnaire à analyser ses besoins, à bien développer leur produit, à évaluer sa productivité, à faire des comparaisons, etc.  « Il faut développer une série de mesures spécialisées pour y arriver, ce qui n’a rien de simple, car on ne peut pas voir le logiciel », précise le professeur Abran.

Des ambassadeurs pour faire rayonner le savoir

Comme en témoigne Luc Poulin, qui a obtenu son doctorat sous la direction des professeurs Abran et April, « L’ingénierie du logiciel et des systèmes d’information touchent autant la conception, le développement, les tests que les opérations et la maintenance de systèmes TI. Et à chacune de ces étapes, la sécurité de l’information doit être prise en compte, et ce, jusqu’à la destruction des données. »

C’est sur l’aspect « sécurité » qu’il a basé ses recherches qui lui ont permis d’élaborer un modèle permettant d’identifier et de mesurer la sécurité des applications et des systèmes TI en fonction de son contexte d’utilisation.  « Ma thèse a servi à l’élaboration de sept normes ISO/IEC 27034, pouvant s’appliquer à différents types de systèmes TI, comme des applications mobiles, des applications Web, utilisant l’infonuagique ou intégrant l’internet des objets. Je dirige présentement la rédaction d’une huitième norme de la série ISO 27034, concernant la validation et la vérification de la sécurité des applications. »

Aujourd’hui PDG de l’Institut de la sécurité des applications Cogentas, Luc Poulin était sur place lors du lancement du réseau, le 28 août dernier. « C’est une idée très intéressante puisque, à l’image d’une chambre de commerce, la rencontre de chercheurs de haut niveau avec des experts provenant de l’industrie permettra certainement de faire émerger de nouvelles orientations de recherche et opportunités d’affaires. »

Ronald Brisebois, homme d’affaires bien connu qui vient de terminer son doctorat avec le professeur Abran, s’est également joint à l’événement. Fondateur de Cognicase, une firme rachetée par CGI, il dirige aujourd’hui BilblioMondo, une entreprise spécialisée en bibliothéconomie comptant pour clients plusieurs grandes bibliothèques et universités dans le monde, en plus d’avoir des antennes dans 11 pays.

« Avec ma thèse, j’ai développé une application permettant d’effectuer une revue de la littérature scientifique pour les chercheurs universitaires. Cet outil spécialisé permet de trouver des articles très précis, de les classer selon leur pertinence et de faire une veille automatisée dans des millions de sources en anglais, français et espagnol. » Un prototype de cet assistant est d’ailleurs en instance de brevet et devrait être commercialisé dans les prochaines années.

Pour Ronald Brisebois, l’ISEM Network sera l’occasion de rencontrer des experts de différents horizons et de plusieurs pays. Déjà lors du lancement, huit diplômés qui travaillent maintenant en Inde, au Mexique et au Canada étaient réunis. Et ce n’est qu’un début pour ce réseau, alors que la gestion de projets en génie logiciel risque de continuer sa croissance au cours des années qui viennent.

Emmanuelle Berthou   Agente d'information
Service des communications