L’haptique est au toucher ce que l’acoustique est à l’ouïe et l’optique à la vue. De nos cinq sens, le toucher est un de ceux dont on entend le moins parler. Il est pourtant nécessaire à notre survie : il nous permet de percevoir notre corps dans l’environnement et de nous protéger contre les agressions de cet environnement.
Vincent Lévesque, qui vient de se joindre à l’équipe de génie logiciel et des technologies de l’information de l’ÉTS à titre de professeur-chercheur, en sait quelque chose. Il se consacre à la recherche sur l’haptique depuis plus de 15 ans, en ayant fait le sujet de sa maîtrise, de son doctorat et de son postdoctorat. « On a tendance à focaliser sur le visuel et l’audio lorsqu’on parle de transmission d’informations. Or, les technologies haptiques peuvent également transmettre des informations, par l’application de forces, de vibrations ou de mouvements », explique-t-il.
Un coup de foudre
Son intérêt pour l’haptique se manifeste durant ses études en génie informatique à l’Université McGill. Il compte parmi ses professeurs le réputé Vincent Hayward, l’un des plus grands chercheurs dans le domaine à l’échelle mondiale, et fondateur du Laboratoire d’haptique de l’Université McGill. Rapidement, le jeune Lévesque se joint à son équipe et développe des liens étroits avec l’éminent chercheur, qui devient également son directeur de maîtrise. Celle-ci porte sur « la mesure de la déformation de la peau à l’aide d’une caméra haute-vitesse » dans le but de reproduire ces déformations avec une technologie d’affichage tactile. Puis, pendant ses études doctorales – également dirigées par Vincent Hayward – il s’intéresse à l’affichage virtuel de graphiques tactiles et interactifs et de texte en braille, en utilisant la déformation latérale de la peau. Cette approche servirait au développement d’une technologie pour aider les personnes ayant une déficience visuelle.
De 2009 à 2011, Vincent Lévesque profite d’une bourse postdoctorale au Département d’informatique de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC). Encore aujourd’hui, il garde un excellent souvenir de cette période dont il est très fier, car elle représente très bien son domaine de recherche, soit le retour tactile dans l’utilisation des écrans tactiles.
Par la suite, il se joint à la société Immersion où il gravira les échelons jusqu’au poste de chercheur sénior en 2015.
Récipiendaire de plusieurs prix, notamment celui du Best Paper au Symposium IEEE sur l’haptique de 2012 et le Best of CHI au congrès CHI 2011 de l’ACM, Vincent Lévesque acquiert rapidement la réputation d’un chercheur particulièrement innovant dans le domaine de l’haptique.
Un inventeur
Dans le cadre de ses travaux de doctorat, le professeur Lévesque a mis au point des algorithmes pour un petit moniteur graphique tactile, le STReSS2 (que l’on prononce « Stress-square ») qui permet de lire avec le bout des doigts (et non avec les yeux !). Cet appareil produit des sensations tactiles différentes qui peuvent être combinées pour générer des graphiques que l’utilisateur peut « voir » à travers ses doigts. Il explique qu’en comprimant et en étirant la peau, il en résulte une illusion de 3D. Initialement conçu pour les personnes vivant avec une déficience visuelle, cet appareil est aujourd’hui commercialisé sous le nom LATERO, par la compagnie Tactile Labs Inc., et vendu à de nombreux laboratoires qui s’en servent pour leurs travaux de recherche.
Ses intérêts de recherche
À l’ÉTS, Vincent Lévesque entend poursuivre ses recherches en vue de multiplier les utilisations de l’haptique dans le plus grand nombre de domaines possibles. Il s’intéresse particulièrement à son utilisation dans les applications grand public et à toutes les interfaces humain-machine (IHM).
Réalité virtuelle et jeux vidéo
Selon M. Lévesque, les technologies de réalité virtuelle ne peuvent pas transmettre de véritables illusions sans haptique. « Les illusions optiques ne suffisent pas à convaincre notre cerveau que nous sommes ailleurs », explique-t-il. Les jeux vidéo sont également un domaine où l’haptique est utilisée depuis longtemps, et jugée désormais incontournable.
D’ailleurs, sa récente acquisition d’une console PlayStation pour faciliter « l’exploration des possibilités de l’haptique dans le domaine du jeu vidéo » fait bien rire la fiancée du rigoureux chercheur. Heureusement, il avait aussi son anniversaire comme autre excuse !
Au nom du Bureau des affaires professorales et de toute la communauté de l’ÉTS, nous lui souhaitons la plus cordiale des bienvenues.