Annie Levasseur se consacre depuis plus de dix ans à l’élaboration d’outils diagnostiques basés sur l’analyse du cycle de vie (ACV), qui permettent l’évaluation globale des impacts environnementaux des activités d’ingénierie en général, et plus particulièrement de leurs impacts sur les changements climatiques.
Diplômée en 1999 de l’École polytechnique de Montréal en génie chimique, elle avait alors choisi d’intégrer immédiatement le marché du travail, plutôt que de poursuivre des études supérieures. Après huit ans passés sur le terrain comme ingénieure de procédés chez Petro Canada, elle décide en 2007 d’approfondir ses connaissances en matière d’environnement, et effectue un retour vers le milieu universitaire. S’étant démarquée lors de son baccalauréat par un dossier académique hors du commun et lauréate d’un « profil de Vinci » de Polytechnique Montréal (le premier d’une longue liste de prix prestigieux), Annie Levasseur entreprend son doctorat sans même détenir de maîtrise.
L’analyse du cycle de vie, un domaine passionnant
Elle choisit soigneusement son sujet de thèse, celui qui deviendra son domaine de spécialisation pour de nombreuses années. L’analyse environnementale du cycle de vie remporte la palme et devient sa grande passion. Elle se joint à un groupe de recherche de Polytechnique spécialisé dans le domaine, et choisit Le développement d’une méthode d’analyse du cycle de vie dynamique pour l’évaluation des impacts sur le réchauffement climatique (le titre de sa thèse). « L’ACV permet de mettre des chiffres sur tout le cycle de vie en termes d’impact environnemental. C’est un outil passionnant et fondamental, qui permet de penser en amont et en aval », explique-t-elle.
Outre l’intégration des aspects temporels en ACV, ses principaux domaines d’intérêt en recherche sont :
- La modélisation des impacts sur les changements climatiques : indicateurs et modèles climatiques, empreinte carbone et inventaires nationaux, estimation des émissions de gaz à effet de serre
- La modélisation des systèmes liés à la biomasse : bioénergie, biomatériaux et bioproduits, forêts, dette carbone, modélisation du carbone d’origine biogénique, stockage temporaire de carbone, émissions dues au changement d’affectation des terres
L’utilisation de l’ACV à un très haut niveau, pour guider l’élaboration de politiques
Annie Levasseur s’intéresse également à l’utilisation de modèles technico-économiques dans le secteur énergétique, et de modèles d’optimisation multiobjectifs pour la conception et la planification des opérations. Elle travaille d’ailleurs avec un professeur des HEC en vue de l’utilisation de l’ACV dans le cadre de l’élaboration de politiques, grâce à des modèles d’optimisation techno-économiques prospectifs. L’ACV permet, à son avis, d’envisager les scénarios de façon plus systémique, avec un aspect d’optimisation.
Un milieu de recherche collaboratif
L’ACV pour l’évaluation des impacts environnementaux est un domaine de recherche où règne un très haut niveau de collaboration à l’échelle internationale. Après tout, il s’agit de l’avenir de la planète. « Ces échanges permettent la mise en place de consensus d’experts en vertu desquels nous suivons les mêmes normes, par exemple en termes d’empreinte carbone », précise-t-elle.
La notion de conception environnementale : un sujet de prédilection pour son enseignement
La chercheuse s’intéresse particulièrement à la notion de « conception environnementale », et aimerait bien bâtir un cours sur ce sujet. « Il faut tout de suite planifier les choses pour qu’il y ait moins d’impact sur tout le cycle de vie. La prévention doit prendre le dessus sur le traitement, et c’est cet aspect qui m’intéresse », souligne-t-elle.
Ses étudiants
Actuellement codirectrice d’étudiants au doctorat et au baccalauréat (en projets d’initiation à la recherche), elle a de plus codirigé et encadré plusieurs étudiants à la maîtrise dans le passé. Polytechnique Montréal lui a également confié plusieurs charges de cours.
Annie Levasseur a choisi l’ÉTS car c’est un milieu où l’industrie et la recherche font bon ménage. « L’ÉTS n’est pas ancrée dans une tradition existante, elle est au contraire en train de bâtir sa propre tradition, sans essayer de reproduire ce qui existe. C’est cette ouverture qui m’a attirée », souligne-t-elle.
Par nature, la professeure Levasseur a l’habitude de voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. C’est certainement ce qui lui permet d’afficher un certain optimisme lorsqu’il est question de changements climatiques. Elle sait que c’est un sujet difficile à aborder, car ses effets ne se voient pas si facilement même si on en subit les impacts, contrairement par exemple au smog ou aux algues bleues. Mais elle entre à l’ÉTS avec la ferme intention d’intéresser et de conscientiser ses étudiants à l’importance de la recherche dans ce domaine. Que les climatosceptiques se le tiennent pour dit, Annie Levasseur est prête !
Au nom du Bureau des affaires professorales et de toute la communauté de l’ÉTS, nous lui souhaitons la plus cordiale des bienvenues.