Inventé en 2008, le « bitcoin » fait de plus en plus les manchettes. À ce jour, la véritable identité de son inventeur demeure inconnue, on ne connaît que son surnom : Satoshi Nakamoto. Bien qu’entourée de mystère, cette cryptomonnaie est pourtant bien réelle, comme on a pu le voir récemment sur les marchés financiers. La technologie derrière le bitcoin, la « blockchain », suscite de plus en plus l’intérêt des chercheurs qui voient les possibilités infinies de ce « protocole de confiance ». Si, la recherche fondamentale sur la sécurité des bitcoins est importante pour M. Zhang, son intérêt réside plutôt dans la recherche et le développement d’applications soutenues par cette même technologie, mais qui seraient différentes de la cryptomonnaie, dans des domaines tels que la santé, l’éducation ou l’internet des objets.
Voilà ce sur quoi porte l’essentiel des travaux de recherche de Kaiwen Zhang. Nouveau professeur-chercheur au Département de génie logiciel et des TI et spécialiste des systèmes distribués, M. Zhang est résolu à développer de nouvelles applications fondées sur cette nouvelle technologie qui recèle un potentiel énorme, à son avis.
La blockchain permet la sécurisation des communications et l’authentification des données qui se trouvent dans les « blocs ». Pour l’instant, les transactions sont principalement financières, mais elles pourraient être éventuellement d’une tout autre nature. Or, un grand nombre de problèmes techniques restent à régler, notamment la lenteur des opérations : 7 par seconde pour des transactions de bitcoins, contre 2000 par seconde pour les transactions par cartes de crédit (qui peuvent atteindre 60 000/seconde). Par ailleurs, les coûts en électricité pour leur traitement restent exorbitants. À titre d’exemple, on dit que les machines qui minent les bitcoins consomment plus d’énergie que l’Irlande en entier n’en consomme.
Le professeur Zhang a déjà fondé son groupe de recherche, le FUSEE (Fast, Unified, and Scalable Event processing and Event messaging), au sein duquel plusieurs projets de recherche se déploieront sous peu. Avis à ceux et celles qui aimeraient se joindre à son équipe, il cherche des étudiants qui comprennent les théories de systèmes distribués pour bien comprendre les applications qui feront l’objet des recherches, extraire de la recherche fondamentale et implémenter les résultats dans des projets à code de nature académique ou industrielle. Parmi les projets de recherche qu’il entend mettre en œuvre, on retrouve :
- un projet à volets multiples visant à améliorer les composantes principales de la blockchain en vue de maximiser son rendement,
- un projet à volets multiples visant la réunion de la diffusion et du traitement des événements sur une même plateforme de haute performance, et
- un projet sur le développement d’intergiciels fiables fournissant des services communs aux jeux en ligne multijoueurs de masse.
Avant de se joindre à l’ÉTS Montréal, M. Zhang a été chercheur postdoctoral en informatique à la TU de Munich (de 2015 à 2017) et membre du Middleware Systems Research Group. Il a obtenu son baccalauréat en informatique et sa maîtrise en sciences à l’Université McGill, puis son doctorat de l’Université de Toronto. Récipiendaire de très nombreux prix soulignant son excellence académique et son dynamisme à titre de chercheur, ses domaines d’expertise et intérêts de recherche comprennent les systèmes distribués à grande échelle, la technologie des blockchains, l’architecture orientée événements, le Big data et les réseaux à définition logicielle.
Après l’ère du « Big data », l’ère de la blockchain
Les dix dernières années ont été celles du « Big data ». Les bases de données étaient opérées par une seule compagnie, par exemple Google. L’ère des blockchains est en voie de transformer le paysage. Selon Kaiwen Zhang, les protocoles de consensus pour échanger des données encryptées entre des machines qui appartiennent à différentes organisations permettront de faire en sorte que tout le monde pourra avoir accès aux mêmes informations et que celles-ci seront confidentielles et sécurisées. De plus, les « smart contracts » garantissent que les transactions sont traitées de façon fiable et uniforme peu importe l’utilisateur. Le chercheur avance même que les archives conservées dans les études de notaires vont perdre leur utilité, car tous ces documents pourront être conservés dans ces fameux « blocs ». Pour l’instant, la blockchain des bitcoins est en quelque sorte un système d’archivage des transactions du réseau Bitcoin. Lorsque la technologie aura investi d’autres domaines d’application, qui sait ce qui pourra être archivé dans ce gigantesque registre !
Au nom du Bureau des affaires professorales et de toute la communauté de l’ÉTS, nous lui souhaitons la plus cordiale des bienvenues.
Caroline Chartrand | Directrice Bureau des affaires professorales Emmanuelle Berthou | Agente d'information Service des communications