Josiane Nikiema, professeure en génie de la construction
« Je ne regarde pas les défis, je regarde les objectifs », affirme Josiane Nikiema. Détentrice d’un doctorat en génie chimique et spécialisée en valorisation des déchets, Josiane ne se laisse pas distraire par les obstacles qui surgissent sur sa route. Elle déploie ses énergies dans deux sphères de recherche : l’optimisation des procédés permettant le recyclage des déchets solides et l’utilisation des larves de mouches soldats noires pour produire du biodiésel.
La quête ultime de la chercheuse consiste à tirer profit de la valorisation des matières résiduelles en minimisant l’impact de ces procédés sur l’environnement.
Professeure au département de génie de la construction de l’ÉTS, qui comprend un programme en génie de l’environnement, Josiane Nikiema planifie des essais de traitements de déchets organiques en laboratoire.
Pourquoi cet intérêt pour une meilleure gestion des eaux usées et des déchets de l’humanité? Enfant, Josiane rêvait de devenir chirurgienne, mais à la fin de son secondaire, elle doit choisir entre rester dans son confort au Burkina Faso ou poursuivre ses études à l’étranger. Elle veut voyager. Le génie lui ouvre les portes. C’est à partir de ce moment-là que la question environnementale oriente son parcours. Elle décroche une bourse africaine pour aller étudier à l’École nationale de l’industrie minérale au Maroc. Après avoir reçu son diplôme d’ingénieure, Josiane traverse l’océan pour s’inscrire à l’Université de Sherbrooke. La rencontre de Michèle Heitz, professeure en génie chimique et biotechnologique, est déterminante. Mme Heitz accepte de diriger les travaux de recherche de Josiane Nikiema durant sa maîtrise et son doctorat. Elle motive Josiane à se fixer des objectifs ambitieux et à voir les contraintes comme des tremplins pour aller le plus loin possible. « Clairement, Michèle Heitz a joué un très grand rôle dans mon parcours. » Josiane obtient son doctorat en génie chimique en 2008.
Proposer des solutions adaptées aux réalités locales
Josiane Nikiema n’a pas encore son doctorat en poche que déjà l’Université de Sherbrooke la recrute comme professeure au département de génie chimique et de génie biotechnologique. Elle poursuit ses travaux de recherche en parallèle. La jeune chercheuse s’inquiète de constater la quantité de composés pharmaceutiques présents sous la forme de résidus dans les eaux usées. « Les technologies qu’on utilise actuellement ne traitent pas assez bien ces déchets-là », explique Mme Nikiema. On ne connaît pas l’interaction de ces composés ni le seuil acceptable. Aucune norme n’existe. Les poissons ingurgitent ces résidus et les effets inconnus de cette chaîne se retrouvent dans notre assiette.
Au bout de trois ans, Josiane ressent le besoin d’aller voir ailleurs ce qui se passe. Commence alors un fascinant périple qui la mène du Ghana, en Inde, en passant par le Sri Lanka et une multitude d’autres pays d’Asie et d’Afrique. C’est là, sur le terrain, que Josiane peut vraiment contribuer au mieux-être des gens en proposant des solutions adaptées aux réalités locales.
L’Amérique et l’Afrique : deux réalités, même planète
L’Amérique et l’Afrique ne produisent pas exactement les mêmes déchets, ne profitent pas du même climat, ne comptent pas la même densité de population, et surtout, n’utilisent pas les mêmes procédés. Et parfois, c’est là où un grain de sable se glisse dans l’engrenage, sans jeu de mots. La majorité des technologies ont été développées, soit pour l’Amérique du Nord soit pour l’Europe sans vraiment prendre en considération les spécificités climatiques ou encore la différence des infrastructures et de l’aspect socioculturel de ces régions-là. « Il faut trouver la bonne technologie qui peut s’adapter aux caractéristiques du terrain. »
Après avoir joint l’International Water Management Institute, Josiane Nikiema se penche sur les l’économie circulaire et, en particulier, sur les problématiques environnementales associées au recyclage des eaux usées et à la valorisation des déchets organiques. Après avoir exploré durant une décennie des solutions pour venir en aide à des municipalités un peu partout dans le monde, Josiane décide de revenir au Canada.
Elle souhaite enseigner et partager ce qu’elle a appris. L’ÉTS lui fait une offre. Josiane Nikiema accepte sans hésiter.
Créer du biodiésiel à partir des mouches
À l’ÉTS, la professeure veut poursuivre ses recherches dans un domaine qui l’intéresse : la production de biodiésel à partir de mouches soldats noires. Ces insectes sont au cœur d’une industrie en pleine croissance un peu partout sur la planète, notamment en Afrique et au Canada. Pour Josiane Nikiema, cette option s’avère très positive pour l’environnement. Les larves de ces mouches peuvent ingurgiter des tonnes de détritus organiques par jour. Elles sont également utilisées comme sources de protéines pour nourrir la volaille et le bétail. La chercheuse Josiane Nikiema aimerait extraire les lipides des larves pour les transformer en biodiésel. Quels sont les avantages du biodiésel? Il est biodégradable, renouvelable et émet moins de gaz à effet de serre que le diésel pétrolier. Et surtout, il peut contribuer à renforcer la viabilité des modèles d’affaires actuels liés à la gestion des déchets, et ainsi, améliorer l’économie circulaire d’un pays.
Pour Josiane Nikiema, les larves de mouches représentent une innovation aux applications multiples qui peut s’intégrer à la chaîne de recyclabilité autant en Amérique qu’en Afrique.
Verdir l’environnement
Que ce soit les déchets organiques, les eaux usées, les larves des mouches, Josiane Nikiema poursuit un seul objectif : récolter les déchets, les biodégrader, utiliser les résidus, voire les transformer en biodiésel. L’environnement ne peut que verdir avec cette approche holistique.
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